L’homosexualité refoulée est intériorisée et comprimée volontairement par un individu tel un ressort. Elle n’est pas regardée en face et intégrée mais inhibée, ce qui constitue une différence majeure. Elle est présente chez celui qui, pour différentes raisons, n’a pas voulu l’extérioriser à cause d’angoisses, d’un déni, de la honte, de références morales ou spirituelles, de peurs pour sa réputation, sa famille, etc.
L’homosexualité refoulée peut parfois mettre une personne en danger, car il suffit de circonstances soudaines pour que celle-ci ressorte et explose : une épreuve accablante, un deuil, une déception relationnelle, des problèmes sexuels avec le partenaire du sexe opposé, une attirance très forte et imprévue envers un collègue de travail pratiquant l’homo ou la bisexualité.
De même que l’hétérosexualité refoulée, l’homosexualité refoulée et comprimée sur des décennies peut être à l’origine de viols ou d’attouchements sexuels subits, ainsi que d’un goût immodéré pour la pornographie compulsive. Une alternative possible : arriver à parler fréquemment à une personne de confiance, en abordant le sujet, en l’intégrant et en le gérant, et faire une psychothérapie le cas échéant.
Succomber à l’homosexualité, un aveu de faiblesse. Succomber à l’homosexualité est, pour les détenus, un aveu de faiblesse face à l’institution mais aussi face à eux-mêmes, à leurs propres désirs. L'affirmation de l’homophobie en détention sert alors à maintenir une carapace individuelle devant des désirs interdits.
En outre, l’individu homosexuel est perçu comme un être faible. Il faut d’ailleurs noter que, lorsqu’on évoque l’homosexualité des détenus, il s’agit uniquement d’une homosexualité passive, associée à la faiblesse et au manque de virilité, car les détenus pour beaucoup ne considèrent pas les « actifs » comme étant homosexuels. La sodomie dégrade dans le sens de la soumission alors qu’elle peut valoriser dans le sens de la domination. Il y a une déchéance du statut d’« homme », qui accompagne les expériences homosexuelles pour celui qui se fait pénétrer.
A ce titre, les homosexuels sont fréquemment assimilés aux « pointeurs » qui sont considérés comme les parias de la détention : homosexuels et pointeurs sont considérés de façon commune comme ceux qui ont transgressé une norme sexuelle .
Hygiène. Cette situation soulève également des problèmes d’hygiène, puisqu’en l’absence d’une politique officielle, les règles sanitaires qui devraient s’imposer ne sont pas véritablement mises en place. La circulaire DGS/DH/DAP du 5 décembre 1996, prévoit la mise à disposition de préservatifs aux détenus.
On remarquera d’abord qu’il ne s’agit que de préservatifs masculins. Ensuite, en dépit de ce texte, les relations sexuelles sont bien souvent non protégées. En effet, le seul fait de prendre des préservatifs à l’infirmerie stigmatise le détenu comme homosexuel et dévoile donc sa transgression d’un interdit carcéral.